“Parle, oh, oiseau”, l’histoire vivante de la Palestine

Mardi 12 Mars 2019-00:00:00
' Chaimaa Said

«Des milliers d’enfants rentrent... ceux qui ont grandi à l’étranger ce soir. Ils sont revenus comme la mer de l’extérieur. Je suis rentrée, dans l’obscurité, avec eux. Nous combattrons et nous ne partirons pas. Et nous sommes comme des arbres qui ne se déplaceront pas. » Ce sont les paroles chantées par Fairouz, et dont je me suis souvenue lors de mon assistance à l’exposition « oul ya teir » (parle, oh oiseau), qui a eu lieu au Palais du prince Taz, qui s’étendra jusqu’au 12 mars 2019, et qui raconte les histoires des réfugiés et déplacés palestiniens en 1948, à travers les photos, les vidéos et leurs effets personnels exposés. Nous y trouvons des témoignages qui représentent un trésor d’informations sur la vie des Palestiniens jusqu’à 1948. « Nous avons trouvé que ceux qui ont vécu la période de 1948 meurent, et nous les perdons tout comme leurs mémoires. En essayant de documenter cette mémoire, c’est comme s’ils ne nous ont pas quitté », dit, avec beaucoup d’enthousiasme, Dr. Fayhaa Abdel Hady, écrivaine, poète, militante féministe et fondatrice de l’institution Al-Rowat pour les études et la recherche, l’organisatrice de l’exposition. Le titre de l’exposition « oul  ya teir » est l’une des expressions populaires utilisées par les gens en Palestine, expectant des nouvelles attendues depuis longtemps. Cette expression fait, donc, référence à la circulation de l’histoire de génération en génération, et qui est transmise à travers l’art de raconter. Ainsi, l’exposition a pour objectif de permettre au grand public de connaitre l’expérience de la déportation, surtout pour ceux qui ne la connaissent pas parmi les jeunes. Car les Palestiniens n’avaient pas à l’esprit de quitter pour toujours leurs maisons, mais se considéraient comme déplacés ou déportés ; la preuve étant qu’ils ne portaient avec eux que peu de choses, des choses qui leur sont chères, et parfois même ne portaient que la clé de la maison, dans laquelle ils ont laissé tout leur or et leur argent.

L’exposition utilise des différents outils artistiques pour exposer les histoires de déportation, parmi lesquels un panneau interactif représentant les villes natales des narrateurs, et les villes vers lesquelles ils ont été déportés ; le film documentaire «une mémoire vivante» ; des témoignages audio et vidéo ; et des photos anciennes et récentes des narrateurs ; leurs affaires personnelles ; et les deux livres «mémoire vivante» et «le miroir de la mémoire», écrits par Dr. Fayhaaa, et qui est un travail colossal de documentation de l’Histoire orale. Quand vous vous promenez dans l’exposition, vous remarquerez les traces de l’âge sur les visages photographiés, mis en comparaison avec leurs photos d’enfance et de jeunesse, des traces aussi vieilles que la question palestinienne elle-même, ce qui nous donne une sensation de détresse. Mais, nous dégageons, des phrases écrites par ces personnes sur leurs posters et dites dans leurs témoignages, une forte conviction qu’ils retourneront un jour dans leur pays, si ce n’est pas eux, ce seront leurs petits-enfants qui reviendront «Le retour est inévitable…inévitable».